Il y a de cela plusieurs semaines, j’ai été interviewée par une journaliste sur le sujet de la migraine. Je me suis alors rendu compte qu’il y avait beaucoup de choses à dire sur sa prise en charge afin de soulager ces maux si fréquents.
Bien sûr, rien ne peut remplacer une consultation chez un praticien expertisé dans ce domaine, mais les informations que je vais vous donner vous aiderons peut-être à situer vers quel praticien vous tourner. De plus, de nombreux articles circulent à ce sujet sur internet ou dans les magazines de santé… et je dois dire que je suis souvent très déçue de ce qui est communiqué dans ces articles. C’est en fait très difficile pour quelqu’un qui n’est pas praticien de bien écrire sur ces sujets parfois très techniques.
Je vais donc essayer de vous donner de bonnes connaissances, tout en étant accessible !
Commençons par quelques définitions simples
En langage médical, le mal de tête se nomme plutôt « céphalée ». Une céphalée est un symptôme fréquent et bénin qui se manifeste par une douleur au niveau du crâne de manière globale ou diffuse. La douleur survient souvent en fin de journée. Elle peut être aiguë ou chronique et avoir des causes variées. Elle est souvent secondaire à des tensions au niveau de la nuque (céphalées de tensions), au cycle hormonal (migraines cataméniales), à la fatigue, au stress ou des tensions psychologiques. Elle peut aussi être associée à certaines maladies comme les maladies infectieuses (sinusites, grippe) ou liée à la prise de certains médicaments, la consommation d’alcool, une déshydratation, etc…
La céphalée est à différencier de la migraine. La migraine est une maladie bénigne qui se manifeste par un mal de tête modéré ou intense, toujours pulsatile (car en partie lié à une vasodilatation artérielle) et unilatéral. La douleur peut durer entre 4 et 72h et survient bien souvent par crises. Elle peut aussi être associée à une sensibilité aux sons, à la lumière ou aux odeurs, des nausées ou vomissements et parfois des troubles sensoriels (aura). La migraine altère davantage la qualité de vie que la céphalée. À l’heure actuelle, il n’y a pas de traitement médical efficace à 100% pour soigner la migraine. Les traitements réduisent la douleur et la fréquence des migraines de 50%, mais ils ne guérissent pas au sens propre du terme.
Qu’en est-il des prises en charge alternatives ou complémentaires ?
Le point de vue de l’ostéopathe
En consultation d’ostéopathie, nous sommes souvent confrontés à ces motifs de consultations (céphalées et migraines). Dans mon expérience, la céphalée de tensions est beaucoup plus simple à traiter qu’une migraine. Pourquoi ? Car la cause de ce type de céphalée est bien souvent mécanique, liée à des tensions cervicales ou plus précisément, à des dysfonctions de mobilités de certaines vertèbres cervicales, associées à des tensions des muscles posturaux.
En ce qui concerne les céphalées d’intensités plus importantes et dans les cas de migraines, il est intéressant d’investiguer l’ensemble de la sphère crânienne afin de déterminer s’il y a présence de dysfonctions au niveau des articulations entre chaque os crânien. Selon la localisation de la douleur, l’ostéopathe crânien pourra cibler ses tests précisément au niveau des méninges, de trajets nerveux (nerf trijumeau par exemple), artériels ou veineux.
Par exemple, une douleur diffuse sur tout le crâne, une sensation de tête lourde, nous indiquera une dysfonction de vidange veineuse ; une douleur bien localisée et pulsatile nous orientera vers une douleur de type artériel ; si la douleur est localisée, mais plus lancinante, nous pourrons nous orienter vers un trajet nerveux. Le type de douleur nous donnera des indications, mais en ostéopathie ce sont toujours les tests palpatoires qui nous confirment la présence d’une dysfonction. Donc si les tests ostéopathiques confirment ce type de dysfonctions, alors l’application de techniques spécifiques pourra grandement soulager.

Ces techniques sont toujours très douces et fines. Dans le cas d’une céphalée liée à une dysfonction de vidange veineuse, les techniques correctrices sont souvent ciblées au niveau des premières vertèbres cervicales, de l’os occipital (arrière du crâne), et de ses sinus veineux. L’ostéopathe ayant une connaissance approfondie de l’anatomie saura dans quel axe et avec quelle pression placer ses mains et doigts pour atteindre la zone en souffrance.
Sa vision du corps étant toujours globale, il prendra toujours soin de vérifier les autres parties du corps en lien anatomique ou physiologique avec la zone traitée. Il vérifiera la qualité de mobilité et motilité de chaque os, ligament, muscle, fascia, organe en lien direct avec la zone travaillée, mais aussi d’autres parties du corps reliées plus indirectement à cette zone. Par exemple l’occipital à un mouvement physiologique qui est directement relié au sacrum. Donc si vous consultez un ostéopathe pour une céphalée, ne vous étonnez pas qu’il puisse passer du temps à traiter la mobilité de votre bassin… ou de votre diaphragme, etc…
Cette vision globale est ce qui rend l’ostéopathie passionnante et bien souvent le patient ressent intuitivement la justesse de cette démarche – il se sent écouté et respecté – et les résultats sont là pour confirmer ses bienfaits. J’ai pu soulager de manière durable des patients souffrant de céphalées parfois très intenses. Notre but en ostéopathie est de trouver la cause l’une dysfonction. Donc lorsque la cause d’une douleur est mécanique et que nous corrigeons ce problème, alors la douleur s’atténue dès les premières séances et ne revient pas.
Mais ce n’est pas toujours aussi simple, comme pour les patients souffrant de vraie migraine. La cause étant plurifactorielle, c’est donc plus complexe à déterminer et à soigner. Il faut savoir qu’en médecine la cause des migraines n’est pas vraiment déterminée et de nombreuses recherches sont en cours afin de comprendre le phénomène. Les récentes recherches confirmeraient les causes vasculaires, nociceptives (voies de la douleur) et des événements neuronaux (hyperexcitabilité). Il y aurait aussi des causes liées à des variantes génétiques (pour 50%), qui se combinent à des facteurs environnementaux (hormones, aliments riches en histamine).
Ceci explique qu’il est compliqué d’avoir des résultats spectaculaires avec l’ostéopathie seule. Par contre, atténuer la fréquence et l’intensité des crises est tout à fait possible et fréquent grâce à l’ostéopathie. C’est déjà un grand confort pour le patient ! Le patient migraineux arrive avec le temps à gérer ses crises et peut parfois ressentir le besoin de faire une séance dès qu’il sent les premiers signes arriver.
Lorsque les douleurs sont fréquentes ou surviennent par crise, il est vraiment intéressant de s’observer afin de déterminer le plus précisément possible les facteurs déclenchants. Cela pourra être précieux pour votre praticien afin de vous aider au mieux et selon les signes cela pourra vous réorienter vers d’autres pratiques que l’ostéopathie.
Les facteurs déclenchants sont uniques au patient. Les plus connus à ce jour sont le changement de rythme de vie (stress, sommeil, repas, voyage), une activité physique, la consommation de certains aliments, des sons, lumières clignotantes, bruits, les hormones, changements de température, etc…
L’apport de la Sophrologie dans la prise en charge du stress
Il est fréquent qu’une crise survienne à cause d’un stress ! Donc apprendre à mieux maitriser son stress et ses émotions pourra aussi beaucoup aider dans le mieux-être du patient. De nombreuses pratiques psychocorporelles peuvent aider à gérer le stress. Puisque je suis aussi sophrologue, je vais vous partager ce qu’il est possible de travailler avec la sophrologie. Encore une fois, il n’est pas possible de remplacer une consultation avec un professionnel, car il cherchera toujours à s’adapter à vos besoins, à votre histoire, à votre problème.
Ce qui est intéressant avec la sophrologie, c’est la vision globale et la prise de recul que permet sa pratique. Elle apporte en effet de grands bienfaits par rapport à la douleur, car la pratique permet de mieux vivre son corps dans son aspect positif. Elle permet aussi d’apprendre à vivre sa respiration de manière plus consciente, plus profonde. L’apprentissage de certaines techniques de respirations est très utile à mettre en pratique en situation de stress, pour évacuer certains de ses effets négatifs et permettre de rétablir le calme au sein de sa physiologie, notamment via l’activation de notre système ralentisseur du stress, le système nerveux parasympathique.
Par exemple, apprendre la respiration abdominale est important dans le cas des céphalées (ou migraines), car elle va permettre de se détendre et de faire descendre l’énergie de sa tête (avec toutes ses prises de tête !) jusque dans le bas du corps. Cette respiration est très simple à réaliser. Il suffit de mettre une main sur son ventre (sous le nombril) et de sentir que son ventre se gonfle à l’inspiration et qui se dégonfle à l’expiration. Lorsque nous sommes stressées ou en prise avec une émotion trop forte, la respiration est bien souvent saccadée et trop « haute » ou thoracique. Le diaphragme peut manquer d’amplitude ou peut aussi être bloqué par une émotion. Nous pouvons sentir une oppression au niveau de la poitrine qui nous empêche de respirer à fond.
Si vous sentez que vous avez des difficultés à effectuer la respiration abdominale, vous pouvez consulter votre ostéopathe afin qu’il vous aide à mieux respirer en travaillant par exemple votre diaphragme, ou d’autres zones du corps en cause. J’ai aussi créé une sophrologie spéciale libération du diaphragme qui permet de consolider la correction effectuée par son ostéopathe.
Ceci était un exemple, mais il existe de nombreuses autres techniques qui peuvent aider grandement à la gestion de son stress et de ses crises migraineuses. N’hésitez pas à vous tourner vers un sophrologue !
L’apport de la vision fonctionnelle et la Micronutrition
Ces méthodes seront efficaces si le facteur déclenchant est le stress.
Mais il peut exister bien d’autres facteurs déclenchants ou causes qu’il est possible de déterminer grâce à la démarche de Micronutrition Fonctionnelle. La démarche fonctionnelle en micronutrition permet d’avoir une vision d’ensemble des différents systèmes : digestifs, métaboliques, hormonaux, immuno-inflammatoires, neuropsychiques et d’analyser leurs interactions.
Nous venons de voir que le stress peut être un facteur déclenchant fréquent chez les patients souffrant de céphalées (ou migraines). Mais ce stress peut lui-même avoir différentes origines qui peuvent bien sûr être liées à un mode de vie déséquilibrée, mais aussi à certains déficits micronutritionnels, tels que le Magnésium*.
*Concernant le magnésium, il est intéressant de noter qu’une étude a révélé que les personnes souffrant de migraines avaient, en moyenne, des niveaux de magnésium inférieurs à ceux d’un groupe témoin en bonne santé.
Reférence PubMed : Relation entre le taux de magnésium sérique et les crises de migraine
Si notre déficit de Magnésium est important – ce qui est le cas chez quasi 90% de la population – alors nous aurons beau faire toutes les relaxations, les sophrologies et méditations possibles… sans parvenir à nous détendre vraiment en profondeur. Notre système nerveux restera hyperexcitable, nous resterons avec nos crampes, notre serrage de dents, notre diaphragme tendu… Et nous nous dirons que toutes ces méthodes psychocorporelles ne marchent pas ! Mais rien de plus normal, puisque la pratique et les efforts que nous ferons n’interviennent pas sur la cause réelle du problème.
Dans le même état d’esprit, vous aurez beau faire de super séances d’ostéopathie, mais si vous restez avec un déficit de Magnésium, alors vos tensions musculaires reviendront, et vous retournerez chez votre ostéopathe encore et encore… À moins, que vous laissiez tomber l’ostéopathie en vous disant que cela ne marche pas sur vous ! Comme vous l’avez compris, ceci peut être normal que l’ostéopathie seule ne suffise pas. Cela ne veut pas dire que votre praticien n’est pas compétent ou que la discipline est inefficace. Cela permet de mettre en évidence que la cause de votre problème n’est pas seulement mécanique, mais davantage liée à un déséquilibre au sein de votre métabolisme.
Ce sera le travail du praticien en Santé Fonctionnelle de déterminer grâce à un questionnaire précis (d’une centaine de questions) quel système ou quelle dysfonction physiologique est en cause dans votre problème. Son investigation sera rigoureuse, car il sait que les causes probables à vos maux de tête (ou migraines) sont nombreuses. Cela peut être :

- un déséquilibre oestroprogestatif,
- une hypothyroïdie,
- un trouble digestif (leaky gut syndrome),
- une hypersensibilité alimentaire,
- une surcharge hépatique,
- une intolérance à l’histamine,
- un déficit magnésium, COQ10, Zinc,
- un déficit cortisol, le stress…
Le praticien en Micronutrition Fonctionnelle s’appuiera sur une connaissance précise de la physiologie humaine (et des études scientifiques récentes).Comme les signes cliniques ne suffisent pas à déterminer la présence ou non de carences, il pourra alors s’appuyer sur des analyses nutritionnelles (non médicales) afin de mettre en évidence certains déficits ou des dysfonctions physiologiques (rechercher des taux d’histamine par exemple ou la présence d’intolérances alimentaires, ou les taux de zinc…).
Ce qui est passionnant avec cette vision globale, c’est que le praticien pourra vous expliquer les interactions entre ces différents systèmes en cause. Vous pourrez alors mieux comprendre votre corps et faire des liens avec différents symptômes que vous subissiez sans vraiment les comprendre.
Vous pourrez comprendre par exemple que votre mal de tête n’est que la partie émergée de l’iceberg et qu’en fait ce sont vos problèmes digestifs qui sont en cause avec une hypersensibilité alimentaire. Le problème sous-jacent de l’hypersensibilité alimentaire étant le Leagy Gut syndrome (intestin poreux), vous comprendrez alors pourquoi vous avez aussi de nombreux déficits en micronutriments essentiels, entrainant par exemple de la fatigue. L’intestin poreux empêche en effet une bonne assimilation des micronutriments. Ce problème peut aussi expliquer une surcharge hépatique, puisque votre intestin ne jouera plus son rôle de barrière (ou de filtre). Les toxines passent dans la circulation mésentérique au lieu d’être éliminées par les selles, ce qui surcharge le foie, puisque celui-ci est le premier servi via le système mésentérique. Cette surcharge hépatique pourra aussi générer des maux de tête en conséquence. Un véritable cercle vicieux !
Déterminer et traiter la cause, le Leaky Gut syndrome pourra vous aider briser ce cercle vicieux, à retrouver une meilleure santé, et ce de manière durable. Vous pourrez continuer vos séances de sophrologie et d’ostéopathie qui seront plus efficaces et dont les effets seront plus durables dans le temps.
Elisa Commarmond, Praticienne en Micronutrition, Ostéopathe & Sophrologue
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